vendredi 25 avril 2014

La religion peut-elle servir la politique ?

    La politique, qui est l’art de bien gérer, de bien administrer une Cité, doit nécessairement prendre appui sur les réalités sociales, humaines, qui sont à l’œuvre au sein de la population administrée si le politique cherche effectivement à se maintenir en place et à maintenir en place sa Cité. Une politique qui ferait fi des réalités du peuple, de son vécu, de ses habitudes, de ses mœurs, de ses traditions, et qui chercherait à imposer sa vision des choses et son mode de vie s’exposerait à des tensions pouvant remettre en cause, si elles sont trop exacerbées, l’intégrité même de la Cité. L’Etat totalitaire génère généralement des dissidences qu’il cherchera alors à réprimer. La politique ne serait alors qu’un immense rapport de forces. Le politique ne peut donc pas être indifférent aux sensibilités présentes sur son territoire s’il veut effectivement éviter cette situation conflictuelle. L’Etat français laïc, par exemple, doit alors faire preuve de pédagogie pour faire passer ses principes au sein de la population, et non les imposer par la force de manière totalitaire. Pour prendre en compte la réalité du peuple, le politique doit donc avoir à l’esprit l’existence du pluralisme religieux, par exemple, qui est présent au sein du peuple français. Le politique, s’il se veut laïc, ne peut ignorer le fait religieux. La religion est alors considérée comme étant un ensemble de croyances privées ainsi que comme un ensemble de pratiques rituelles, cultuelles, publiques. La religion est donc un fait existentiel personnel et un fait social : le politique a à prendre en considération les deux dimensions du fait religieux. Le politique doit s’intéresser à la sensibilité religieuse pour prévenir d’éventuelles tensions par la pédagogie qui cherche à faire passer les principes de l’Etat malgré les possibles réticences de certains religieux. L’homme politique n’a pas seulement à prendre en compte la réalité religieuse : il peut se servir du fait religieux à des fins politiques. En effet, la religion ayant en son essence cette volonté de constituer une communauté religieuse apaisée, cet aspect du fait religieux peut devenir un atout pour le politique qui cherche l’unité dans la Cité pour prévenir les conflits. De plus, la religion, en prônant une morale, peut servir à la formation de citoyens vertueux, ce qui est le projet du politique. En d’autres domaines encore, la religion peut donc être un outil politique, la religion et la politique visant les mêmes fins.
Pourtant, au regard du religieux, il ne semble pas légitime que sa religion devienne un vulgaire instrument politique, parfois même un simple argument de campagne pour de basses visées électoralistes : un candidat se proposant de défendre les racines chrétiennes de la France, par exemple, uniquement par intérêt politique, par recherche du pouvoir. Pour le religieux, sa religion vaut bien mieux que cela. Elle est d’ailleurs d’un ordre supérieur, la justice de Dieu n’étant pas celle des hommes, le Royaume des Cieux n’étant pas celui d’ici-bas. Le religieux pense une supériorité en dignité et donc en importance de son discours sur celui du politique qui ne s’intéresse qu’aux basses affaires humaines qui ne sont qu’infimes au regard de Dieu. Ainsi, bien qu’il soit possible que le fait religieux soit un instrument politique, il ne doit pas l’être, étant bien plus noble, plus pur, que le politique qui a les deux mains dans la boue, dans la fange de l’action humaine. Le religieux, lui, reste pur, bien au-delà des basses considérations administratives qui intéresse le politique. La religion ne doit donc pas servir la politique pour le religieux : au contraire, c’est la religion qui doit se servir de la politique pour diffuser son message en vue du Salut des âmes de tous nos concitoyens. Pour le religieux, la religion doit se faire politique, et non servir la politique humaine. La politique doit être celle de Dieu, et non celle des hommes.
D’autre part, la religion ne semble pas en mesure de servir si efficacement que cela les vues politiques. En effet, bien que la religion serve à relier les individus d’une communauté entre eux, elle semble tendre à les opposer à ceux d’autres communautés d’autres religions. La religion favoriserait alors davantage le chaos que l’ordre souhaité par le politique.
            Ainsi, la question est alors de savoir si le fait religieux a la capacité de servir les vues du politique (à savoir, l’ordre et la bonne administration de la Cité) ou bien si le discours religieux entre essentiellement en contradiction avec celui du politique qui défend, lui, des intérêts humains, et non d’abord la gloire de Dieu.
            Afin de répondre à cette question, il conviendra d’abord de dire en quoi la religion a la possibilité de devenir un instrument politique. Cependant, nous noterons l’existence de l’impossibilité de la conciliation entre le discours religieux et le discours politique, c’est-à-dire entre le plan divin et le plan humain. Enfin, nous verrons que s’il n’est pas légitime que la religion serve la politique comme un vulgaire outil, c’est la religion qui, selon elle, doit se servir de la politique pour la gloire de Dieu.

I / La religion comme instrument politique :

-          L’instrumentalisation de la politique lors d’une campagne électorale (défense d’une religion (Parti Chrétien Démocrate ; Républicains américains) ou contre une religion (islamophobie du Front National).
-          « religere » : relier (les hommes entre eux au sein d’une communauté) : (le dialogue œcuménique dans le christianisme)

« L’histoire romaine […] prouve que la religion est utile pour commander les armées, pour réconforter le peuple, pour maintenir les gens de bien et faire rougir les méchants. »
Machiavel, Sur la première décade de Tite-Live, 1531 (posthume)

La religion, en tant qu’espoir au niveau des croyances, permet à l’armée et au peuple de ne pas sombrer, de rester, de subsister, de résister malgré tout.
La religion établit une morale qui sert le politique.

II / L’incompatibilité du discours religieux et du discours politique :

-          La religion comme source de chaos : les guerres de religions.
-          Le religieux pense une supériorité de son discours sur le discours du politique : plan divin / plan humain.
-          La religion est sentiment, alors que la politique est raison (voir cours « Le fait religieux », I, B, b à d)

III / Vers une religion politique :

-          Ancien Testament : Moïse, premier législateur.
-          Les religions d’Etat (Hobbes).


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