La politique, qui est l’art de bien gérer, de bien
administrer une Cité, doit nécessairement prendre appui sur les réalités
sociales, humaines, qui sont à l’œuvre au sein de la population administrée si
le politique cherche effectivement à se maintenir en place et à maintenir en
place sa Cité. Une politique qui ferait fi des réalités du peuple, de son vécu,
de ses habitudes, de ses mœurs, de ses traditions, et qui chercherait à imposer
sa vision des choses et son mode de vie s’exposerait à des tensions pouvant
remettre en cause, si elles sont trop exacerbées, l’intégrité même de la Cité.
L’Etat totalitaire génère généralement des dissidences qu’il cherchera alors à
réprimer. La politique ne serait alors qu’un immense rapport de forces. Le
politique ne peut donc pas être indifférent aux sensibilités présentes sur son
territoire s’il veut effectivement éviter cette situation conflictuelle. L’Etat
français laïc, par exemple, doit alors faire preuve de pédagogie pour faire
passer ses principes au sein de la population, et non les imposer par la force
de manière totalitaire. Pour prendre en compte la réalité du peuple, le
politique doit donc avoir à l’esprit l’existence du pluralisme religieux, par
exemple, qui est présent au sein du peuple français. Le politique, s’il se veut
laïc, ne peut ignorer le fait religieux. La religion est alors considérée comme
étant un ensemble de croyances privées ainsi que comme un ensemble de pratiques
rituelles, cultuelles, publiques. La religion est donc un fait existentiel
personnel et un fait social : le politique a à prendre en considération
les deux dimensions du fait religieux. Le politique doit s’intéresser à la
sensibilité religieuse pour prévenir d’éventuelles tensions par la pédagogie
qui cherche à faire passer les principes de l’Etat malgré les possibles
réticences de certains religieux. L’homme politique n’a pas seulement à prendre
en compte la réalité religieuse : il peut se servir du fait religieux à
des fins politiques. En effet, la religion ayant en son essence cette volonté
de constituer une communauté religieuse apaisée, cet aspect du fait religieux
peut devenir un atout pour le politique qui cherche l’unité dans la Cité pour
prévenir les conflits. De plus, la religion, en prônant une morale, peut servir
à la formation de citoyens vertueux, ce qui est le projet du politique. En
d’autres domaines encore, la religion peut donc être un outil politique, la
religion et la politique visant les mêmes fins.
Pourtant, au regard du
religieux, il ne semble pas légitime que sa religion devienne un vulgaire
instrument politique, parfois même un simple argument de campagne pour de basses
visées électoralistes : un candidat se proposant de défendre les racines
chrétiennes de la France, par exemple, uniquement par intérêt politique, par
recherche du pouvoir. Pour le religieux, sa religion vaut bien mieux que cela.
Elle est d’ailleurs d’un ordre supérieur, la justice de Dieu n’étant pas celle
des hommes, le Royaume des Cieux n’étant pas celui d’ici-bas. Le religieux
pense une supériorité en dignité et donc en importance de son discours sur
celui du politique qui ne s’intéresse qu’aux basses affaires humaines qui ne
sont qu’infimes au regard de Dieu. Ainsi, bien qu’il soit possible que le fait
religieux soit un instrument politique, il ne doit pas l’être, étant bien plus
noble, plus pur, que le politique qui a les deux mains dans la boue, dans la
fange de l’action humaine. Le religieux, lui, reste pur, bien au-delà des
basses considérations administratives qui intéresse le politique. La religion ne
doit donc pas servir la politique pour le religieux : au contraire, c’est
la religion qui doit se servir de la politique pour diffuser son message en vue
du Salut des âmes de tous nos concitoyens. Pour le religieux, la religion doit
se faire politique, et non servir la politique humaine. La politique doit être
celle de Dieu, et non celle des hommes.
D’autre part, la
religion ne semble pas en mesure de servir si efficacement que cela les vues
politiques. En effet, bien que la religion serve à relier les individus d’une
communauté entre eux, elle semble tendre à les opposer à ceux d’autres
communautés d’autres religions. La religion favoriserait alors davantage le
chaos que l’ordre souhaité par le politique.
Ainsi, la question est alors de savoir si le fait
religieux a la capacité de servir les vues du politique (à savoir, l’ordre et
la bonne administration de la Cité) ou bien si le discours religieux entre
essentiellement en contradiction avec celui du politique qui défend, lui, des
intérêts humains, et non d’abord la gloire de Dieu.
Afin de répondre à cette question, il conviendra d’abord
de dire en quoi la religion a la possibilité de devenir un instrument
politique. Cependant, nous noterons l’existence de l’impossibilité de la conciliation
entre le discours religieux et le discours politique, c’est-à-dire entre le
plan divin et le plan humain. Enfin, nous verrons que s’il n’est pas légitime
que la religion serve la politique comme un vulgaire outil, c’est la religion
qui, selon elle, doit se servir de la politique pour la gloire de Dieu.
I / La religion
comme instrument politique :
-
L’instrumentalisation
de la politique lors d’une campagne électorale (défense d’une religion (Parti
Chrétien Démocrate ; Républicains américains) ou contre une religion (islamophobie
du Front National).
-
« religere » : relier (les
hommes entre eux au sein d’une communauté) : (le dialogue œcuménique dans
le christianisme)
« L’histoire romaine […]
prouve que la religion est utile pour commander les armées, pour réconforter le
peuple, pour maintenir les gens de bien et faire rougir les méchants. »
Machiavel, Sur la
première décade de Tite-Live, 1531 (posthume)
La religion, en tant
qu’espoir au niveau des croyances, permet à l’armée et au peuple de ne pas
sombrer, de rester, de subsister, de résister malgré tout.
La religion établit une
morale qui sert le politique.
II / L’incompatibilité
du discours religieux et du discours politique :
-
La religion
comme source de chaos : les guerres de religions.
-
Le religieux
pense une supériorité de son discours sur le discours du politique : plan
divin / plan humain.
-
La religion est
sentiment, alors que la politique est raison (voir cours « Le fait
religieux », I, B, b à d)
III / Vers une
religion politique :
-
Ancien
Testament : Moïse, premier législateur.
-
Les religions
d’Etat (Hobbes).
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