La passion
est avant tout définie comme étant un sentiment tyrannique qui dicte, qui
détermine notre comportement. Par exemple, la passion amoureuse peut nous
pousser, contre notre volonté (c'est-à-dire contre notre jugement réfléchi), à
des actions qui vont à l'encontre de notre propre intérêt, pouvant aller
jusqu'à l'encontre de notre propre survie.
Le devoir,
quant à lui, connaît deux composantes : sociale et morale.
Le devoir
social est ce que nous devons aux autorités de l'Etat particulier dans lequel
nous vivons.
Le devoir
moral, lui, est universel (et non particulier). Il consiste essentiellement en
le respect de la personne humaine, de sa dignité.
Un
individu soumis à sa passion, à son sentiment, pourrait oublier ce qu'il doit à
l'Etat et/ou à l'humanité en général : il pourrait aller jusqu'à commettre des
actes illégaux, tant du point de vue de son Etat particulier que du point de
vue de l'universalité de la loi morale.
La
question est alors de savoir s'il est possible qu'un sentiment tyrannique
déterminant notre comportement aille à l'encontre de notre devoir social et/ou
de notre devoir moral, ou bien si, au contraire, l'existence d'un tel sentiment
tyrannique puisse aller de paire avec la réalisation de nos devoirs.
Afin de
répondre à cette question, nous verrons d'abord en quoi le sentiment tyrannique
nous écarte du droit chemin (tant sur le plan politique que sur le plan moral).
Pourtant, nous noterons que, sans une certaine passion, la réalisation de nos
devoirs semble impossible. Enfin, nous nous interrogerons sur la possibilité
d'une action par devoir, purement désintéressée.
I / La passion nous écarte du droit chemin
:
- Médée
- Saint-Paul
II / La passion est nécessaire au véritable devoir :
Les hommes
n'agissent qu'en fonction de leur intérêt, y compris lorsqu'ils réalisent leurs
devoirs.
A / L'amour de soi :
La nature
de l'homme est d'être soumis à l'amour de soi :
« L’homme naturel est tout pour lui. »
Rousseau
« L’amour de soi est le seul motif qui fasse agir les
hommes. »
Ibid.
« De toutes les passions, la plus forte est l’amour de
soi (self-love). »
Adam Smith (1723 - 1790), Ecosse
Ainsi,
toutes les actions de l'individu sont naturellement en fonction de son intérêt.
B / L'action conforme au devoir, selon Kant
:
Prenant
l'exemple du commerçant et de l'enfant pour illustrer ce qu'est la morale, Kant
analyse la seconde possibilité qui s'offre au commerçant : l'action conforme au
devoir. Dans cette situation, le commerçant rend le trop-perçu à l'enfant, non
pas au nom de la morale, mais dans l'intérêt égoïste de s'assurer une bonne
réputation de commerçant honnête et/ou pour avoir bonne conscience de ne pas
avoir cédé à la tentation de l'immoralité. Ainsi, dans cette seconde situation,
le commerçant réalise certes une action conforme au devoir moral du point de
vue de la stricte extériorité, mais pour de basses raisons intéressées,
égoïstes, dans l'intériorité.
C / La passion : moteur de l'Histoire.
Comme rien
dans le monde ne se fait sans amour de soi, sans intérêt :
« Rien ne se fait dans le monde sans passion. »
Hegel
La
passion, qui anime les guerres, est le moteur de l'Histoire, selon Hegel.
Cette
passion est également le moteur des actions qui réalisent les devoirs, comme
elle est le moteur de toute action ici-bas.
III / Vers
une action par devoir, désintéressée ?
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